Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/508

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Qui rouvre, pour s’enfuir, ses ailes de brouillards :
Et plus sombre un moment, que n’étaient mes regards,
Du ciel, qui s’éclaircit, la voûte se colore.
Sur la cime des monts déjà la prompte aurore,
Au char, que lui prêtaient les vers de nos aïeux,
Attelle, à l’Orient, ces coursiers radieux,
Dont les sabots pourprés font jaillir la lumière.
Exhalant dans les bois un concert de prière,
Le feuillage joyeux chante avec les oiseaux :
Réveillés par le jour, qui perce leurs rideaux,
Les nuages en chœur se mettent à sourire :
Le soleil exilé, qui reprend son empire,
Ensemence de feux le cristal des étangs :
L’herbe, où dort le faucheux dans ses pièges flottants,
Agite ces drapeaux de dentelle rusée,
Qu’étoilent de rubis les pleurs de la rosée :
Les fleurs de toutes parts, belles de leur sommeil,
Demandent au matin d’embellir leur réveil,
A l’or de ses éclairs tendent leurs frais camées,
Et, déliant pour eux leurs lèvres embaumées,
Avec les papillons s’entretiennent tout bas
Des nouvelles des cieux, qu’ont tentés leurs ébats,
Des anges visiteurs, qu’ils ont vus sur leur route.
Elles n’ont qu’à parler de toi : je les écoute.

Il est jour dans le ciel, pour le monde, pour toi ;
Mais le jour, Maria, n’est pas levé pour moi ;