Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/51

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Il n’en fallait pas moins peut-être à la nature
Pour interrompre Pline en sa haute lecture,
Elle arma contre lui ce qu’il fallait d’efforts
Pour déplanter le peuple attroupé sur ces bords :
Et le monde perdit, avec ce peuple inerte,
Un sage. Quelle fut la véritable perte ?
Que ne peut-on pas lire au front de ce volcan,
Bivac incendiaire allumé sur un camp,
Qui gèle dans la nuit sous ses tentes de lave !
Que de choses nous dit sa voix puissante et grave,
Ou ce silence altier, qu’un grand homme épia,
Et qui raconte aux yeux la mort de Pompeïa !
Drame surnaturel, lugubre, mais sublime,
Où l’on vit le théâtre, instrument et victime,
Se soulever, lutter contre tous les acteurs,
Se démolir lui-même autour des spectateurs,
Et bravant, repoussant, la cendre mortuaire,
Disparaître avec eux sous ce vaste suaire :
Comme Dieu vit jadis le désert révolté,
Défier, en plein jour, Cambyse épouvanté :
Se dresser, pour s’abattre, en mouvante muraille,
Et ranger contre lui tout son sable en bataille :
Sous ses drapeaux de poudre appeler aux combats
L’ouragan, qui commande ailleurs d’autres soldats :