Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/528

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est à coups de poignard que tu prouves tes droits ? Que viens-tu faire ici ? reste avec tes complices.
i D’AUTRICHE.
Sais-je où les a conduits la terreur des supplices !
G. TELL.
Cache-toi donc comme eux, car tes jours sont proscrits,
Et les amis sont morts, quand la tête est à prix !

D’autriche.
Je le sais, et je fuis le monde et sa justice.
Si j’arrive le soir aux portes d’un hospice,
Je n’ose pas frapper : je m’éloigne, je cours
Demander aux forêts leurs ténébreux secours.
Ramené par la faim autour de vos villages,
J’envie à vos troupeaux l’herbe des pâturages.
Si la soif me conduit aux rives d’un torrent,
Ma tête, de ses eaux, se détourne en pleurant :
J’ai peur d’y rencontrer ma déplorable image.
Est-ce assez de tourments, pour expier ma rage ?
Consolez-moi ! Voyez : je suis à vos genoux…
Je demande pitié !

il « e prosterne.
G. TELL, ému.
Levez-vous ! levez-vous ! J. D’autriche. Non, tendez-moi d’abord une main secourable.
G. TELL.
Puis-je vous secourir, moi, pauvre et misérable,