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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/541

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Une larme de femme est-elle un phénomène,
Que l’on compte pour rien la mort quotidienne,
Qu’inflige au malheureux, qui ne peut l’émouvoir,
Son regret du passé, complice d’un espoir ?
Et ces sanglots encor, ces regrets que l’on vante,
Ces pleurs l’accusent morte aussi bien que vivante.
Qu’une ingrate, insultant à notre humilité,
Fasse de nos douleurs le lard de sa gaîté :
On peut lui pardonner cette lâche allégresse ;
Mais l’accabler de soins, l’entourer de tendresse,
Mendier son regard, et la voir, dans nos bras,
Pleurer d’un autre amour, qu’elle implore tout bas !
Où voulez-vous trouver un Dieu qui nous désarme ?
On pardonne un sourire, et jamais une larme.
Chaque larme tient lieu d’une intidélité,
Et ne doit pas couler avec impunité.
On n’épilogue pas alors sur le supplice :
Tout ce qui peut venger devient de la justice.
Il faut punir long-temps et punir avec art,
Étudier la place où pique le poignard,
Et que le châtiment, égalant nos tortures,
Dure pour nous le temps, qu’ont saigné nos injures.

Je conçois tout alors, tout ce qui fait trembler ;
Moi-même allongerais la mort, pour la doubler.
Oui, quand la trahison, s’y frayant une route,
A sucé dans nos cœurs notre sang goutte à goutte,