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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/562

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Malgré mon front pensif, mon âme était limpide :
Et, comme dans un ! ac, dont la gaze lluide
Ne laisse apercevoir, sons son voile arg nté,
Que les saphirs nageurs du Lotus abrité,
Je pouvais regarder au fond de ma mémoire,
Sans y voir un chagrin. Mille formes de gloire,
Comme la flammerollc errante au bord des eaux,
Éclairaient, en volant, mon volage repos.
J’habitais, dès ce monde, un magique Élysée,
Où des illusions la splendide rosée,
De ses perles de f eu lisera it mon jardin :
Et là, crédule abeille, éclose du matin,
Sur des fleurs, dont mon souifle enfantait les prodiges,
Je cueillais, enivré, le miel de mes prestiges.
J’inventais, chaque jour, quelque nouveau trésor :
Sur une route humaine aucun génie encor
N’avait fait éclater tant de gerbes d’images :
J’errais dans les combats, j’épuisais les voyages,
Et puis je revenais, jeune encore et joyeux,
Jetcr ma dernière ancre au sol de mes aïeux.

Là, j’avais des foyers, une maison rustique,
Sous des peupliers verts cachant son toit gothique :
Et, parmi les jasmins suspendus en berceaux,
Bruyante des ébats de mes futurs oiseaux,
Une retraite à part, l’ermitage, où la muse
Visitait de mes chants l’obscurité recluse