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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/578

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Ne sait pas, s’il l’a su, qu’il existe un destin,
Et qui s’endort, le soir, sans douter du matin !
Que ne peut-pn, traînant de si longues journées,
Par la tristesse au moins compenser les années !
La vieillesse peut seule, en dégradant nos corps,
Sous ses pavots de plomb assoupir nos transports.
Heureux qui, sans attendre ainsi sa délivrance,
Se fait vieux, à vingt ans, par son indifférence,
Et met son pied de fer sur le front de l’amour !
On nous aime long-temps, quand on nousaimeunjour :
Et combien dans ce jour il faut compter de fraude !
Que de trésors de cœur l’impiété galvaude !
Femmes, pour qui l’on meurt, quand daignez-vous le voir,
Vous, qui riez tout haut devant le désespoir,
Et qui vantez après votre excès de courage ?
Allez ! n’en faites pas un si vain étalage :
Je ne crois pas aux maux, qu’on n’aperçoit jamais.
Une âme, sous le masque, ou le fard de la paix,
Cache une cicatrice, et jamais sa blessure ;
La force d’une femme est son premier parjure.