J’ai couru, j’ai volé, près de son lit menteur,
Parer d’un galon neuf mon front de déserteur.
Pâle de l’aborder, tremblant, et sans haleine…
Qu’elle a bien vu, d’un coup, où j’en suis de ma haine !
Comme elle a profité de mon aveuglement,
Pour renouer mes jours à leur premier tourment !
Comme elle a façonné ses traits à la tendresse,
Son sourire aux serments, ses yeux à la tristesse !
Comme elle a, d’elle-même essayant l’abandon,
Du haut de sa douleur demandé mon pardon :
Et comme j’ai moi-même aidé sa main perfide,
A consommer sur moi son ingrat parricide !
Que de ruses, d’adresse, et de subtilité,
Pour duper plus long-temps ma lâche cécité :
Pour repousser du pied mes vœux dans la poussière,
Quand elle m’y verrait murmurer ma prière :
Pour écraser d’affronts l’espoir dont j’ai vécu :
Pour me cracher à l’âme, après m’avoir vaincu !
Que cette femme est riche en venimeux mystères,
Et sait bien, pour les tordre, où battent nos artères !
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