Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/603

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Je n’y répondrai pas : et ton hymne de deuil
N’est qu’une fleur d’adieu, jetée à mon cercueil.
Mon soleil est éteint : les rayons du génie
Se brisent sans chaleur contre mon agonie.
Peut-être étais-je fait, je ne le nirai pas,
.Pour lancer ma pensée au delà du trépas :
J’ai senti quelquefois battre, autour de ma tempe,
Ces artères de flamme, où la rime se trempe ;
Mais pour que le volcan puisse, armé de splendeur.
Percer des temps muets l’aride profondeur,
Et, du globe perclus fécondant le silence,
Semer de ses éclairs la sonore opulence,
Il faut qu’un long repos ait mûri ses efforts.
Moi, l’on a desséché ma source de trésors :
Elle est vide ; l’amour, énervant mon audace,
M’a posé sur le front sa couronne de glace.
Les femmes, pour régner, ont-elles donc besoin
D’avoir, à poste fixe, un mourant pour témoin ?
Oh ! qu’elles devraient bien, avares de caprices,
Crucifier notre âme avec moins d’artifices !
Fantôme abâtardi, qui maudis sans agir,
J’existe, pour pleurer ce qui me fait rougir.

(Jue de fois j’ai voulu, honteux de ma faiblesse,
Contre un noble avenir échanger ma détresse :
Et, sans me croire un jour, que de fois j’ai juré
D’anéantir le temple, où je me suis muré !