Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et du voile des cieux la mémoire couverte
S’endort, près des débris qu’elle vient d’évoquer ;
Le spectacle des temps commence à lui manquer.
La nuit ! déjà la nuit ! et tout à l’heure encore,
Je regardais blanchir le réveil de l’aurore :
Et des brouillards dorés les jaunes tourbillons,
Du Vésuve ridé gravir les noirs sillons ;
Et dans ce seul instant, qui déjà se dérobe,
Ma pensée, au vol d’aigle, a fait le tour du globe !
Vingt siècles rallumés l’un après l’autre ont fui,
Et, née avec le jour, Rome est morte avec lui !

XXVIII.
Des astres maintenant l’essaim, qui se dégage,
Abandonne enflammé ses ruches de nuage ;
C’est l’heure où, désertant leur sommeil caverneux,
De leur linceul, dit-on, les morts défont les nœuds,
Et reviennent furtifs visiter la demeure,
Où rien ne leur répond, où le vent seul les pleure.
C’est aussi le moment, où, comme autant de corps,
Qui s’échappent le soir du camp frileux des morts,
Les moines du couvent sortent de leur retraite,
Et reviennent, causant de leur peine secrète,
S’entretenir du monde, et peut-être en rêver.
Tls ont l’air, quelquefois, heureux de retrouver
Ce qu’ils ont fui : la vie et ses brillants mensonges.