Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/633

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DÉSAVEU.

Si du vaste océan le fluide hémisphère
Coule, un jour, entre nous et l’être qu’on préfère,
L’axe de notre vie aussitôt est changé,
Et sur ses deux pivots tout roule dérangé ;
Nous rions, quand on meurt, hélas ! et notre joie
Rencontre, au même écho, l’adieu qu’on nous envoie.
Peine, mémoire, oubli, bonheur, tout se confond :
Tout se mêle en chemin, et rien ne s’interrompt.
Qu’une idée aussi simple est tristement profonde !
L’absence par hasard l’introduit dans le monde :
Mais que le ciel, sans cesse aux aguets de nos pleurs,
Sur un si frêle appui sait bâtir de douleurs !
Aujourd’hui même encore, heureux d’indifférence,
Je comptais sur des jours épurés de souffrance :
Haine, colère, amour, j’avais tout abjuré :
Et voilà que ce ciel, qui m’avait délivré,
Resserrant des liens, dénoués par la vie,
A de nouveaux serments par la mort me convie !