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JEAN RHOBIN

— Tu veux de nouveau nous quitter ?

— J’ai toujours désiré partir. Mais je n’ai jamais pu me décider à vous déplaire, à vous faire de la peine. Vous avez été si bon pour moi. Si vous n’avez jamais consenti à me laisser libre, je sais que ce n’est pas de mauvais cœur. Aujourd’hui, je ne voudrais pas vous abandonner dans votre vieillesse.

— Mais, pars, si tu es si malheureuse. Je ne veux pas que tu sois triste. Nous n’avons que toi d’enfant, je ne peux supporter de te voir ainsi affligée. En effet, tu parais souffrante, abattue.

Marthe éclata en sanglots : elle répondit :

— Non, papa, il est trop tard. Je n’aurais plus d’ambition ni de bonheur à me séparer de vous. Je dois vous obéir premièrement. Je serais malheureuse en pensant que vous le seriez vous-même.

***

Marthe était tout d’abord foncièrement chrétienne. Plutôt que de faire de la peine à ses parents, elle préférait se priver, se restreindre dans ses ambitions légitimes.