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Page:Lefebvre - Jean Rhobin, 1946.djvu/90

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JEAN RHOBIN

de pas de notre monument de famille, j’aperçus Jean Rhobin, qui priait sur le tombeau de Marthe Duval.

J’en fus tout ému. Je revoyais la musicienne et son violon et le souvenir de la beauté de Marthe me fit, pour quelques instants, oublier le décor naturel des riches parterres du cimetière.

***

En m’apercevant, Jean voulut dissimuler. Il se retourna sur lui-même pour cacher les larmes que Marthe pouvait encore lui arracher.

Jean Rhobin n’avait pas trente ans, à cette époque. Il était encore capable de souffrir.

Le souvenir de la beauté et du talent de son amie, disparue pour toujours, lui semblait inoubliable. Hélas ! Sa faiblesse de caractère allait bientôt lui faire oublier tout cela. Privé de l’appui que lui apportait de loin cette femme fortement trempée, malgré son corps débile, il allait sombrer à jamais dans la médiocrité.

***

La mort n’épargne personne. Elle frappe les potentats de l’or, les cruels tyrans comme le plus humble berger.