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Voilà en définitive à quoi aboutissait la logomachie de 1848 !

Et qu’on ne prétende point nous objecter que nous tirons à tort parti du vote obtenu par la pression de la police ou arraché de toute autre façon et qui ratifia par plus de huit millions de suffrages un des plus monstrueux attentats politiques que mentionne l’histoire.

Nous répondrions d’abord qu’à supposer l’entière valeur de cette objection en ce qui concerne la ratification du 2 Décembre 1851, cette valeur décroît singulièrement en présence du vote qui eut lieu une année après à propos de la proclamation de l’empire. Qa’enfin elle disparaît complètement devant le plébiscite du 8 mai 1870, lequel, vingt ans plus tard, donnait, à une énorme majorité (sept millions contre quinze cent mille !) un nouveau blanc-seing à l’auteur de tous nos abaissements.

Nous ajouterons de plus qu’à cette heure même, il ne nous est pas prouvé, malgré toutes les hontes dont il a été le principal artisan, que nous ne reverrons pas quelque jour la restauration de l’homme de Sédan par voie plébiscitaire et qu’on ne prétendra pas nous contraindre à nous incliner de nouveau devant cette suprême monstruosité, toujours au nom des droits sacrés du suffrage universel, ce prétendu principe, devenant ainsi la plus solide assise de toutes les violations du Droit et de tous les despotismes.

En présence de tant de malheurs et de crimes, résultats fatals des erreurs de doctrine émises par les républicains autoritaires, les républicains socialistes, pour en éviter le retour s’il était possible, s’attachèrent à démontrer tout ce que contenait de sophistique et de malsain la théorie en vertu de laquelle le suffrage universel avait été érigé en principe.

Après avoir ramené à sa véritable valeur la faculté de suffrage et avoir démontré qu’elle ne pouvait être