Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 22 —

qu’un mode plus ou moins parfait d’exercer le Droit, sans qu’elle pût jamais primer le Droit lui-même, ils s’appliquèrent ensuite à expliquer à quelles conditions et sous peine de n’être qu’une véritable et cruelle ironie, cette faculté se devait exercer pour pouvoir être considérée comme une sincère manifestation de la souveraineté populaire.

C’est à cette tâche considérable que se vouèrent les socialistes, sans souci des railleries, des sarcasmes et même des persécutions dont les accablèrent les autoritaires de toutes nuances, bleus, blancs ou rouges, qui se virent ainsi troubler dans leurs appétits de pouvoir.

Partant de cette idée que la participation à l’administration de la chose publique est de droit absolu pour tous les membres du corps social, ils examinèrent si la société offrait dans son économie générale actuelle des conditions égales pour tous dans l’exercice de ce droit.

S’aidant des travaux antérieurs des philosophes du dernier siècle et de ceux dont les théories sociales avaient paru dans la première moitié de celui-ci, il ne leur fallut pas un bien long temps pour constater que cette égalité de conditions était loin d’exister et que, jusque dans ses applications les plus restreintes, le suffrage universel était absolument faussé.

Toute décision du suffrage, quelle qu’en puisse être l’importance, doit en effet pour être valable résulter d’un vote conscient et libre. Il est de toute évidence que si l’électeur ne peut ni librement apprécier la capacité de celui qu’il désigne à une fonction, ni se rendre un compte suffisant de la valeur réelle de l’institution publique qu’il consacre par son vote, son suffrage manque de la moralité qui, seule, peut lui donner droit au respect, et se trouve virtuellement infirmé. Car, et c’est un des principes essentiels à toute démocratie véritable, la responsabilité du vote remonte plus encore à l’électeur qu’à l’élu. Et par là nous