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instituteurs ; de prédications dans les chaires des plus petites communes ; de menaces des gendarmes et des gardes-champêtres dont, ouvertement ou non, les gouvernements usent à leur gré, sans compter les promesses mensongèrement faites par les candidats agréables.

Et il se trouve des gens assez naïfs ou assez impudents qui prétendent faire du suffrage universel ainsi pratiqué le régulateur de la Justice et du Droit ! — Hypocrisie ou niaiserie, il n’y a pas de milieu.

Alors, dira-t-on, faut-il donc supprimer le suffrage universel et retourner à l’élection par les censitaires ? Que devient dans ce cas la République et pourquoi pas le rétablissement de la Monarchie ?

C’est précisément pour éviter tout retour à une monarchie plus ou moins déguisée ; pour asseoir solidement la République et mettre fin à cet inextricable chaos politique et social, que les républicains socialistes veulent l’accomplissement de réformes économiques sans lesquelles il n’y aura ni progrès possible ni démocratie véritable, réformes que l’organisation communaliste peut seule, réaliser.

Restituer au suffrage universel son véritable caractère et le réduire à ce qu’il doit seulement être : un choix conscient et libre de mandataires toujours révocables, et surtout responsables, tel est le problème à résoudre.

Mais comment et à quelles conditions ? — Voilà ce qu’il nous faut expliquer afin de donner la clé de notre dernier drame révolutionnaire qui, sans cela, ne serait plus qu’un acte de pure fantaisie, absolument incompréhensible pour l’histoire.

Nous venons de démontrer plus haut que la première et principale atteinte portée à la moralité du suffrage résulte de l’inégalité de conditions sociales dans lesquelles sont placés les citoyens jouissant de la faculté de voter.