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Cette inégalité tient à deux causes, signalées depuis longtemps par les penseurs qui se sont préoccupés de ces questions : l’ignorance quasi-absolue dans laquelle la masse des travailleurs a été tenue jusqu’ici systématiquement, et l’anarchique répartition des fruits du travail entre celui qui possède les instruments de production (le capitaliste) et celui qui s’en sert au bénéfice de ce capitaliste (le prolétaire).

Ces classifications ne s’inventent pas ; elles se constatent ainsi que les oppressions auxquelles elles donnent nécessairement lieu.

Il y a donc urgence, à l’aide d’un enseignement général distribué aussi largement que possible, de remédier aux infériorités créées entre les citoyens, par suite de l’impossibilité où se trouvent la plupart d’entre eux de pourvoir aux nécessités de leur développement intellectuel.

Les frais de cet enseignement doivent être prélevés sur les dépenses communes afin de le rendre accessible à tous. Il deviendra ainsi d’obligation pour la famille à l’égard de l’enfant, celui-ci ayant aussi bien droit au complet développement de ses facultés intellectuelles qu’aux aliments faute desquels il ne peut vivre et que la loi contraint les parents à lui fournir.

Mais pour que cette nouvelle obligation puisse lui être imposée, faut-il au moins que la famille ne puisse invoquer l’impossibilité même de pourvoir à celle qui prime tout et à laquelle les derniers des animaux trouvent pourtant le moyen de satisfaire : l’alimentation de l’enfant.

Il ne faut pas qu’elle puisse répondre qu’elle peut d’autant moins faire bénéficier l’enfant de l’éducation qui lui est offerte par la société qu’elle ne peut le vêtir, ni le nourrir suffisamment, les exigences rapaces du Capital, au service duquel elle travaille, l’ayant mise a la portion congrue, et le travail de son enfant lui étant indispensable pour suppléer à ce manque de ressources.