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développement intellectuel qui leur permettra d’agir en connaissance de cause, et grâce à une situation économique nouvelle résultant de leurs seuls efforts, les travailleurs seront garantis contre toute pression de la part des capitalistes. Placés enfin sur le terrain d’une véritable égalité de conditions sociales et politiques, ils auront leur part de réelle souveraineté et le suffrage universel, manifestation désormais consciente et libre de cette souveraineté, aura conquis la moralité sans laquelle il n’est que mensonge et hypocrisie.

Quant aux pressions provenant des influences administratives et gouvernementales et qui sont inévitables dans tout État politique à organisation centralisée, il reste à examiner de quelle façon elles peuvent seulement être éliminées.

Qu’on se dise républicain, royaliste ou bonapartiste, dès qu’on arrive au pouvoir et par cela même qu’on est le pouvoir, on est fatalement préoccupé du besoin de sauver la société, constamment menacée, paraît-il.

Il est dès lors impossible de se désintéresser du scrutin et plus impossible encore de ne point tenter d’en c prévenir les erreurs. »

D’où la nécessité pour tout gouvernement, convaincu que la société court constamment à sa perte et est dans l’impuissance de se sauver elle-même, d’avertir paternellement l’électeur qu’il « mettra l’état social en péril s’il s’avise de voter pour tout autre candidat que celui qui lui sera présenté par les amis de l’ordre… et du gouvernement. » — Qui ne connaît ce style officiel ?

Aussi depuis 1848, bien plus encore que sous les régimes précédents, est-ce à qui recommandera ses protégés. De là à les imposer, la pente est trop rapide pour que nos gouvernants ne s’y laissent pas tous glisser.

Tour à tour les gouvernements qui se sont succédé en France se sont réciproquement jeté à la face leurs