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candidats officiels, et tous ont eu à la fois également tort et également raison.

Également tort, car leurs récriminations les uns contre les autres n’étaient que pure hypocrisie ; également raison, car ils rendaient à leur insu hommage à la vérité, en constatant ainsi, bien malgré eux certainement, que la notion d’autorité gouvernementale est contradictoire de la souveraineté de l’électeur, laquelle est exclusive en principe de l’idée même de gouvernement.

En vain nous objecterait-on le prétendu désintéressement de nos gouvernants actuels dans les élections des 8 février et 2 juillet dernier.

Quant à celle du 8 février, les gouvernants savaient trop que, lasse d’une guerre menée de telle sorte que nous étions constamment battus, l’immense majorité des campagnes voterait comme un seul homme pour des candidats agréables à ces mêmes gouvernants qui venaient de traiter avec l’ennemi aux plus honteuses conditions. Aux élections du 2 juillet, l’apparente liberté dans laquelle elles se sont accomplies — en province seulement[1] — tient à ce que les préoccupations que lui avait causées la Commune n’ont point laissé le temps au gouvernement de les organiser.

Mais on y reviendra, c’est certain parce que c’est forcé.

Aussi tant qu’il y aura un gouvernement chargé d’autre chose que d’une simple mission purement administrative, et tant que le gouvernement disposera des emplois publics et en pourra créer de nouveaux pour augmenter le nombre de ses partisans, le suffrage universel ne sera qu’un leurre. Il continuera d’être un moyen plus ou moins commode de faire sanction-

  1. On sait que ces élections se sont faites à Paris sous la protection de l’état de siège et qu’un grand nombre d’électeurs (227,000 sur 459,000 inscrits !) ne se sont point présentés au scrutin de crainte d’y être arrêtés, — ce qui est d’ailleurs arrivé à une grande quantité de ceux qui, plus courageux, avaient voulu user de leurs droits. — Ce fait fut attesté le lendemain, par les journaux policiers eux-mêmes.