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ner comme émanant de la souveraineté collective des institutions ou des choix de personnes habilement imposés à la collectivité inconsciente par des groupes particuliers et pour leurs seuls intérêts.

Donc, et sous peine de n’avoir de la République que le nom et d’être toujours gouvernés d’une façon anarchique, et de par la brutale volonté d’une majorité fictive en réalité, il faut d’abord que le suffrage universel ne soit désormais considéré que comme la manifestation d’un droit reconnu hors d’atteinte des résultats de cette manifestation. Enfin il faut encore que le vote s’accomplisse, quel qu’en soit l’objet, dans des conditions d’égalité et d’indépendance qui en garantissent la sincérité.

De tous les publicistes modernes qui ont écrit sur ce sujet, il n’en est pas, à notre avis, qui l’ait mieux traité que Proudhon.

Nul plus que Proudhon en effet, dans son étude sur le principe fédératif[1], n’a démontré clairement que l’action gouvernementale centralisée était négatrice du droit politique, puisqu’elle est essentiellement constitutive de l’idée de pouvoir, d’autorité ; négatrice de toute justice et de toute économie administratives, puisqu’elle annule forcément tout recours en responsabilité et devient la source de gaspillages et de concussions de toutes sortes, au détriment de la morale et des deniers publics ; enfin absolument contraire en économie sociale, à toutes réformes tendant à établir l’égalité de rapports entre les citoyens, puisque la centralisation autoritaire et gouvernementale vit particulièrement de privilèges et d’exceptions.

Décentraliser cette action et la restreindre à un pur fait de gestion administrative, en restituant à la Commune son autonomie complète — seule et unique sauvegarde de la souveraineté à la fois individuelle et col-

  1. Du principe fédératif et de la nécessité de reconstituer le parti de la Révolution, par P. J. Proudhon — 1863.