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comporte : traiter de la situation de nos colonies, etc., etc., ce n’était pas là faire de la politique et rien que de la politique ! Comme si toutes ces questions ne constituaient pas toute la politique même !

Pauvres gens ! qui, à la condition qu’on ne touchât ni à la dynastie, ni aux fonctionnaires — ministres ou autres ; — qu’on ne parlât pas trop du 2 Décembre et qu’on ne criât pas trop « vive la République ! » se croyaient hors d’atteinte !

Ils ne comprenaient pas que, de même que toutes les libertés, les oppressions sont solidaires ; comme il n’y a qu’une liberté, celle basée sur le droit, de même il n’y a qu’une oppression, celle du privilège, en sorte que toute revendication de la première, si mince soit-elle, entraîne logiquement l’entière destruction de la seconde.

Grâce donc à la naïveté des gouvernants d’alors, les réunions publiques se multiplièrent et le cercle des questions qui s’y traitaient s’agrandit de telle façon, que le socialisme, ce monstre qu’on croyait mort à jamais, reparut avec son cortège de problèmes à résoudre et dans la lumineuse évidence de la justice de ses revendications.

Du reste, la naïveté que nous signalons ici résultait moins de la promulgation d’une loi devenue nécessaire, sous peine d’agissements souterrains encore plus redoutables, que des impuissantes restrictions imposées au droit dont cette loi restituait l’exercice.

Dès le début cependant et pour des causes que nous allons indiquer, les réunions publiques témoignèrent d’une vive répulsion pour ceux des travailleurs qui, grâce à leurs récents efforts, avaient ranimé les questions d’économie sociale posées surtout depuis 1848, et avaient amené l’empire à promulguer enfin cette loi sur le droit de réunion qui semblait leur donner une apparente satisfaction.