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ment exploitées par les bourgeois républicains qui en avaient profité pour semer la division et la défiance entre les ouvriers. Désireuse, avant tout, de se servir de ces derniers pour les tripotages électoraux dont les élections de 1863 offrirent un si bel échantillon ; ardente à la curée du pouvoir qu’elle espérait bien voir avant peu tomber dans ses mains, mais redoutant l’avénement du socialisme, dont la création de l’Internationale annonçait ainsi le retour, la bourgeoisie fut enchantée de pouvoir rééditer l’inepte accusation de Césarisme dont elle prétendait accabler ses adeptes. Cette habileté de mauvais aloi avait encore le double avantage de faire oublier que cette même bourgeoisie, en ordonnant le massacre des socialistes en juin 1848, avait par là rendu possible la réussite du coup d’État de décembre 1851.

Dès le début donc des réunions publiques, les membres de l’Internationale furent l’objet d’accusations passionnées mais qui, toutes regrettables qu’elles fussent, avaient du moins cet avantage de démontrer que si les ouvriers de Paris entendaient s’occuper de l’étude des réformes à introduire dans l’économie sociale, leur haine contre tout ce qui était suspecté de relations avec l’empire prouvait assez qu’ils comprenaient qu’aucune de ces réformes n’était possible sans l’avénement de la République.

Les élections de 1869 — moins d’une année après l’ouverture des réunions publiques — en furent l’éclatante manifestation.

Peu à peu, les malentendus créés à dessein par les partis politiques purs entre les ouvriers et l’Internationale, s’effacèrent devant les explications fournies par ceux de ses membres suspectés, et si quelques doutes subsistèrent encore quant aux individus, il fut du moins reconnu que cette société avait adopté sans réticences le drapeau des républicains socialistes. Aussi et grâce précisément aux réunions populaires sur lesquelles on avait compté pour la tuer, l’Internationale vit rapide-