Page:Legouvé - Dernier travail, derniers souvenirs, 1898.djvu/218

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déplaisir d’avoir amené un tel trouble, l’effervescence devenait de la violence, et une scène regrettable était à craindre, quand Scribe, avec ce sourire plein de finesse et de bon sens qui était un de ses charmes, dit d’une voix très douce :

« Mes chers confrères, me permettez-vous une observation ? Je suis ici sur mon terrain ; nous voici dans une de ces situations telles que j’en ai vu souvent au théâtre, qui semblent absolument inextricables, et d’où j’ai eu quelquefois la bonne chance de sortir à mon honneur. Eh bien, le cas est le même. Je vois ici un dénouement facile, et si vous vouliez nous accorder votre confiance à M. Vitet et à moi, et nous laisser seuls avec les deux orateurs, je crois que dans un quart d’heure tout serait terminé. »

Ainsi fut fait ; nous nous éloignâmes tous, et, après quelques minutes d’entretien, l’accord était complet : M. de Broglie, sur la proposition de Scribe, consentit de grand cœur à retirer son attaque ; M. Nisard, du même coup, retira sa défense ; le 2 Décembre était mis hors de cause, et à trois heures, à l’ouverture de la séance, le directeur put dire, selon la formule consacrée, que la commission avait entendu les