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CHAPITRE IX

BÉRANGER


I

Je serais un ingrat si je ne parlais pas de Béranger en parlant des premiers maîtres de ma jeunesse. Quoique nos relations n’aient pas eu le caractère de l’intimité, son influence sur moi a été réelle. Trois lettres de lui, mises à la fin de ce chapitre, le montreront par un de ses côtés les plus particuliers et peut-être les moins bien connus, le montreront donnant des conseils.

Je le rencontrai d’abord dans le salon de M. de Jouy. Il y occupait une place considérable. Son talent l’y faisait admirer, son indépendance de jugement l’y faisait considérer, et son esprit gouailleur l’y faisait craindre. Il s’y moquait bravement de la fameuse pétition adressée à Charles X pour fermer le Théâtre-Français aux romantiques, et cela en face des signataires de cette pétition, car ils étaient tous là, y compris le maître de la maison.