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Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/20

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XI

et si délicate de l’étendue : quand on en retranche toutes les déterminations, ce qui reste c’est quelque chose de très-vil et d’incomplet, une pure abstraction et non pas l’infini.

Or, Spinoza est forcé d’en retrancher toutes les déterminations pour en faire un attribut de Dieu, car dans sa philosophie, toute détermination est purement négative, et l’attribut, au contraire, doit être une affirmation absolue. Maintient-il la distinction de la pensée et de l’étendue, il détermine aussitôt l’étendue à une certaine manière d’être : in certo entis genere consistit : alors il est Cartésien, mais il doit l’être jusqu’au bout et ne pas mettre en Dieu l’étendue.

Veut-il, au contraire, à force d’indétermination, faire entrer l’étendue dans la notion de la substance avec la pensée, cette indétermination même la fait évanouir ; alors il n’est plus Cartésien, mais ce qu’il met en Dieu ou rien, c’est la même chose.

Que Spinoza renonce donc, enfin, à cet attribut qui n’exprime rien ; un étendu infini n’est rien que d’imaginaire ; un être pensant, infini, c’est Dieu lui-même.