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XXIX

un autre domaine. Il faut voir à l’œuvre sur les vérités de fait ce théoricien célèbre, qui vient de mutiler si étrangement les vérités éternelles.

Mais, d’abord, y a-t-il pour Spinoza des vérités de fait ? J’appelle ainsi, avec Leibniz ; celles qui enveloppent une existence[1] et forment une notion individuelle. Or, pour Spinoza, la substance est une notion accomplie par elle-même, et qui n’a besoin d’aucune autre idée qui la forme et qui l’achève. Il ne saurait y en avoir qu’une seule de cette nature, elle exclut toutes les autres. Et comme l’idée de celles qu’on nomme individuelles enveloppe toujours quelque existence et en reçoit sa forme et son achèvement, il en résulte qu’on demanderait vainement a Spinoza une réalité qu’il ne peut nous donner. Spinoza n’en convient pas ; il croit positivement que l’ordre de ce qui existe étant en proportion avec l’ordre des idées, on peut conclure de l’une à l’autre et raisonner sur

  1. Lettres à Arnauld. Existentia, est essentia rerum extra Deum. L’existence de l’homme n'est pas une idée, mais un fait.