encore plus loin que Descartes. Il prend cette matière première, cette passivité pure d’où Spinoza a voulu déduire les corps et leurs mouvemens, et il la montre impuissante non-seulement à commencer un mouvement nouveau, mais même à changer la direction du mouvement reçu : Il y faut tout expliquer mécaniquement, nous dit-il, car ce sont là des machines, et pour qu’il s’y produise un mouvement naturel, il y faut le tact. « Un corps n’est jamais mu naturellement que par un autre qui le pousse en le touchant.[1] »
Spinoza doit être satisfait. Mais attendons la suite : de l’impuissance de la matière première à rien changer au mouvement, que conclut Leibniz ? C’est que la matière ne suffit pas, et que le mouvement par lui-même ne suffit pas non plus à rien expliquer.
Analysez le mouvement, dit Leibniz, réduisez-le à ses élémens les plus simples. Qu’y trouverez-vous de réel ? Si vous ne considérez que ce qu’il comprend précisément et formellement, c’est-à-dire un changement de place, sa réalité est bien petite, et cette notion a très certaine-
- ↑ Dut. II, p. 150.