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LXXXIV

vue, on n’en saisit pas l’à-propos, et l’on se demande ce que Leibniz veut dire. Ses lettres à l’Hôpital nous l’apprennent : « C’est le fondement de ma Dynamique, lui écrit-il. » En effet, sur ce principe, Leibniz élève une science où l’étendue n’est rien, où la force est tout.

Mais c’est aussi le renversement de la physique de Spinoza : et par là Leibniz, conversant avec lui, a quelque chose de l’ironie de Socrate s’entretenant avec Parménide. Qu’est-ce, en effet, que ce principe nouveau que Leibniz oppose aux Cartésiens et au plus déçu de tous, à Spinoza. C’est un principe qui n’a rien de cette nécessité métaphysique que Spinoza cherche partout. Leibniz, au contraire, nous l’annonce d’un air modeste, comme une règle qu’il s’est faite faute de mieux, en attendant. C’est, dit-il, une maxime subalterne, une loi conforme à la sagesse de Dieu et fournie par l’observation de la nature. Par exemple, elle convient bien aux lois du mouvement : elle y est mieux appropriée que les principes nécessaires rêvés par Spinoza. Si elle exclut la nécessité, elle a de la convenance. Il s’en faut de beaucoup en effet qu’on