Page:Leibniz - Réfutation inédite de Spinoza.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LXXXV

trouve dans les lois du mouvement cette nécessité géométrique que Spinoza cherche en tout et partout. Et c’est précisément parce que ces lois ne sont ni tout à fait nécessaires, ni entièrement arbitraires, qu’elles révèlent la perfection de leur auteur. Si elles dépendaient du hasard, on y chercherait vainement la sagesse ; mais si elles dépendaient de la nécessité, où serait la bonté ? Dieu, infiniment bon et infiniment sage, les fait dépendre du principe de la convenance ou du meilleur, qu’il ne viole jamais, et de celui de la continuité que ne viole jamais la nature.

Mais, je le sais, de tels principes devaient faire sourire Spinoza de pitié, et, si devant Leibniz, il ne fut que surpris, c’est assurément par politesse envers son hôte. Ouvrez l’Éthique, vous y verrez quelle estime il fait de ces principes d’ordre, de beauté, d’harmonie et de sagesse que Leibniz veut réhabiliter. Spinoza les traite de préjugés, et veut les déraciner à tout prix parce qu’il les croit contraires à la véritable méthode de philosopher. Leibniz a beau les lui exposer, et lui faire pressentir quelques-unes de leurs