Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/301

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lui est moins chère que la beauté. Très souvent, il compose ses Mémoires comme un poème.

Avec tout cela, les Mémoires d’outre-tombe sont un des monuments les plus éclatants et les plus vastes de notre littérature. C’est fait d’autobiographie, de souvenirs personnels, de confessions, d’anecdotes, de portraits, de lettres, de morceaux d’histoire, de descriptions, d’impressions de voyage, de rêveries. La composition en est large et libre, mais cependant attentive et savante. Il a eu tout le loisir de la surveiller. Il commence ses Mémoires, dit-il, en octobre 1811, au lendemain de la publication de l’Itinéraire, à quarante-trois ans. De 1811 à 1814, il écrit les premiers livres, son enfance, sa jeunesse, jusqu’au départ pour l’Amérique. Il est interrompu par son rôle politique sous la Restauration. Mais, en 1821 et 1822, à Berlin et à Londres, il raconte les commencements de la Révolution, le voyage en Amérique, l’armée des princes, l’exil à Londres, la rentrée en France. Il reprend la plume en 1828, écrit son ambassade de Rome, la fin du règne de Charles X, la Révolution de Juillet, le voyage à Prague et à Venise. Et enfin, de 1836 à 1839, revenant en arrière, il dit ce qu’il a fait et ce qu’il a vu de 1800 à 1828, c’est-à-dire presque toute sa carrière littéraire et presque toute sa carrière politique.

Ces dates de la composition des Mémoires ont leur intérêt et expliquent diverses choses. Il est jeune encore (quarante-trois ans) quand il raconte son