un souvenir : 1° parce que son nom est charmant ; 2° pour les belles interviews (comme nous dirions aujourd’hui) qu’il prit à Rivarol ; 3° pour avoir été mélancolique à ce point que ses amis l’appelaient le Corbeau ; 4° pour avoir profondément aimé Lucile et pour avoir voulu l’épouser ; 5° parce que ses vers paraissaient « d’argent » à Joubert et « lui donnaient la sensation d’un clair de lune » ; 6° parce qu’il a été le plus distingué des poètes qui ont failli être Lamartine avant Lamartine.
Il y a le rêveur Ballanche. L’épithète ne convient à personne aussi totalement qu’à ce Lyonnais qui fit des mélanges à la fois surprenants et pâles de christianisme, d’humanitarisme et d’hellénisme. Et il y en a beaucoup d’autres…
Et puis, il y a les amies. Elles sont assez nombreuses. Mais il est vrai qu’il vécut quatre-vingts ans. Quelques personnes ont affecté de croire au platonisme de ces amours : M. l’abbé Pailhès par bonté, d’autres par malice… On lit dans les Mémoires de Philarète Chasles cette phrase sur Chateaubriand : «… Pauvre sans avilissement, riche sans qu’il y parût, tout puissant sans influence, chef de secte littéraire sans doctrine sérieuse, amoureux sans danger pour la vertu, en lui tout était magnificence extérieure. » « Amoureux sans danger pour la vertu… » j’allais dire : Ceci est une calomnie. Il est à remarquer que les hommes les plus célèbres par leurs succès auprès des femmes sont