Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/323

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facilement accusés par leurs contemporains d’être incapables de leur faire le moindre mal.

Je ne rappellerai que les principales amies. Il y a madame de Beaumont, la plus touchante, dont nous avons déjà parlé. Il y a madame de Custine, qui paraît avoir été la plus passionnée. Elle succéda à Pauline de Beaumont, et même du vivant de celle-ci. Cette échappée des massacres de septembre et qui avait vu guillotiner son mari, son beau-père, son amant, était d’une éclatante beauté. Boufflers lui disait en la quittant : « Adieu, reine des roses. » Chateaubriand dit : « La marquise de Custine, héritière des longs cheveux de Marguerite de Provence… » Elle était fort jalouse. Peut-être est-elle celle qui a le plus aimé Chateaubriand. Ses lettres à Chênedollé sont navrantes. Presque toutes sont sur ce thème : « Je suis plus folle que jamais ; je l’aime plus que jamais, et je suis plus malheureuse que je ne puis dire. » Un jour, faisant visiter à un ami son château de Fervacques : « Voilà, dit-elle, le cabinet où je le recevais. — C’est ici, dit l’ami, qu’il était à vos genoux ? — C’était peut-être moi qui étais aux siens. » répondit-elle avec simplicité.

Il y a madame de Duras, qui fut pour Chateaubriand la plus serviable des amies. Chateaubriand dit qu’elle ressemblait un peu à madame de Staël, en quoi elle avait tort. C’est sans doute à cause de cela qu’il l’appelait « ma sœur ». Dans son âge mûr, elle écrivit des petits romans : Ourika, Édouard. Ourika