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Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu/337

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Il observait la décadence universelle des religions tant en Europe qu’en Asie, et il comparait ces symptômes de dissolution à ceux du polythéisme au temps de Julien… Il en concluait la chute absolue des nations de l’Europe avec celle des religions qu’elles professent. J’ai été étonné de lui trouver l’esprit si libre. » — « 25 mars 1813. Chateaubriand a parlé de religion chez madame de Duras ; il la ramène sans cesse, et ce qu’il y a d’assez étrange, c’est le point de vue sous lequel il la considère : il en croit une nécessaire au soutien de l’État… Il croit nécessaire aux autres et à lui-même de croire ; il s’en fait une loi, et il n’obéit pas. » (Il était donc revenu, peu s’en faut, à l’esprit de l’Essai sur les révolutions.) Une trentaine d’années plus tard, vers 1840, un peu avant l’abbé Seguin, chez madame Récamier, Chateaubriand, d’après Sainte-Beuve, dit ceci : « Je crois en Dieu aussi fermement qu’en ma propre existence ; je crois au christianisme, comme grande vérité toujours, comme religion divine tant que je puis. J’y crois vingt-quatre heures ; puis le diable vient qui me replonge dans un grand doute que je suis tout occupé à débrouiller. »

Néanmoins, il semble bien que, dans ses dernières années, sa foi devint plus continue et plus paisible. Dans une lettre du 10 octobre 1848 adressée à madame de Marigny, Louis de Chateaubriand, neveu du grand écrivain, dit que son oncle avait été « fidèle toute sa vie ( ?) à la confession annuelle et presque