TROISIÈME CONFÉRENCE
LES NATCHEZ. — ATALA
Chateaubriand nous dit dans les Mémoires d’outre-tombe : « Il est
certain que, si l’Essai fut un moment connu, il fut presque aussitôt
oublié : une ombre subite engloutit le premier rayon de ma gloire. » Cela
dut lui être dur ; car, naturellement, il avait espéré la gloire et la
fortune. Mais, comme il ne connut pas tout de suite cet insuccès, il n’en
ressentit que peu à peu l’amertume. Il eut d’ailleurs des compensations.
S’il ne réussit pas en France, l’Essai fit du bruit dans le monde des
émigrés : il scandalisa quelque peu ; mais cela même ne nuisit point à
l’auteur. Chez les personnes victimes de catastrophes extraordinaires,
jetées violemment hors des conditions de leur vie normale, comme les
émigrés, il se produit souvent une sorte de relâchement des principes,
une disposition au scepticisme par désespoir habituel (elles en ont tant
vu !). Beaucoup