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Page:Lemaître - Corneille et la Poétique d’Aristote, 1888.djvu/30

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et des périls, nous excite à l’embrasser : et le succès funeste du crime ou de l’injustice est capable de nous en augmenter l’horreur naturelle, par l’appréhension d’un pareil malheur ».

Enfin, « la quatrième utilité consiste en la purgation des passions par le moyen de la pitié et de la crainte  ». Mais cette fameuse « purgation », Corneille en renvoie l’explication à son second Discours.

Il passe alors à l’examen des diverses « parties du poème ». « Les unes, dit-il, sont appelées parties de quantité ou d’extension, et Aristote en nomme quatre : le prologue, l’épisode, l’exode et le chœur. Les autres se peuvent nommer des parties intégrantes, qui se rencontrent dans chacune de ces premières pour former tout le corps avec elles. Ce philosophe en trouve six : le sujet, les mœurs, les sentiments, la diction, la musique et la décoration du théâtre. »

Mais nous sommes les gens d’aujourd’hui et la tragédie française n’est point la tragédie grecque. Où sont, dans le Cid et dans Polyeucte, le chœur, l’exode et la musique ? Corneille ne parait point se douter que les divisions d’Aristote (dont quelques-unes, d’ailleurs, sont purement formelles) ne sauraient s’appliquer toutes à notre théâtre. Du moins, il n’en souffle mot. Il est vrai que, sans rien dire, il laisse de côté les « parties de quantité », et qu’il ne garde, des