Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nouveauté : c’est pour cela. Il remonte plus haut que Marivaux, que Fontenelle, que Voltaire, même que La Bruyère. Il renoue une tradition. — Et il est vrai qu’il y ajoute quelque chose, parce qu’il se sert d’une forme traditionnelle avec une âme neuve.

Donc, tel qu’il est, le Discours de Rousseau, couronné par l’Académie de Dijon le 23 août 1750, obtient du premier coup un succès inouï.

Des hommes considérables ou notables en publient des critiques : le roi Stanislas (aidé d’un père jésuite), le professeur Gautier, Bordes, académicien de Lyon, Lecat, académicien de Rouen, Formey, académicien de Berlin, sans compter Voltaire, d’Alembert, Frédéric II, qui, à l’occasion en disent leur mot. Rousseau réplique successivement à Stanislas, à Gautier et à Bordes. Toutes ces réfutations et répliques ne prouvent pas grand chose ni d’un côté ni de l’autre, la question étant posée en termes trop généraux et d’ailleurs, je crois, insoluble. Mais, naturellement, dans cette polémique, Rousseau rétorque mieux qu’il n’est rétorqué, parce qu’il a plus de talent. Il ne remarque pas que ces « lettres », dont il veut démontrer la malfaisance, il leur doit pourtant d’être vainqueurs contre elles-mêmes.

Et alors il arrive que les répliques de Rousseau sont meilleures et plus intéressantes que son Discours. — D’une part, obligé de mieux méditer son sujet, de le serrer davantage, il atténue habilement