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Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/253

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Voilà ce livre célèbre… Oh ! il renferme des idées excellentes. L’allaitement maternel, l’eau froide, le plein air, c’est très bien. Très bien aussi d’aimer l’enfance et de la vouloir gaie et heureuse. Il est bien encore de croire que faire un homme, ce n’est pas fabriquer une machine, mais développer un être vivant. Les études progressives, proportionnées au développement physique et moral de l’enfant ; l’enseignement expérimental, par la vue et le contact des choses ; le pas donné à l’éducation sur l’instruction ; la réaction contre l’éducation mondaine, et aussi contre l’éducation par les livres et surtout par les manuels (à laquelle est présentement en proie notre société de fonctionnaires), le dessein de former un homme complet et armé pour la vie… tout cela est louable et juste.

Seulement, l’allaitement maternel, l’eau froide, l’air et l’exercice, c’était déjà prescrit par Tronchin ; et, pour le reste, c’était déjà un peu partout, et c’était notamment, et plus qu’en germe, dans Rabelais, dans Montaigne et dans Locke. Et il est bien vrai que Rousseau a mis sa marque éloquente sur ces préceptes connus : mais, il reste, ici encore, que ce qui est bon lui appartient peu, et que ce qui lui appartient paraît d’une absurdité insolente.

Ce qui lui appartient, c’est l’idée antinaturelle d’une prétendue éducation selon la nature, qui exigerait la dépossession des parents et le sacrifice total de la vie du maître à un seul élève ; et c’est