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Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/159

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qu’il est vrai avec tout cela, dans ses emportements et dans ses faiblesses, dans ses générosités et dans ses lâchetés, dans ses mauvaises actions et dans ses gestes chevaleresques ! Quand, ayant cyniquement trahi sa promesse, il tient à revoir Hermione, à s’accuser devant elle et à reconnaître son crime, soit par un obscur besoin de se confesser, ou de se faire dire ses vérités et, par là, d’expier un peu, soit par une bravade de criminel ou simplement pour voir, voir de ses yeux, la figure de sa victime… oh ! que cela paraît humain, et va loin dans l’observation de notre abominable cœur ! Je disais autrefois qu’il y avait vingt-cinq siècles entre le langage de Pyrrhus et certains de ses actes. Au fait, ne pourrait-on pas le dire d’Andromaque elle-même ? Il y a, dans un coin de la pièce où on les remarque peu, ces quatre vers (Oreste parle d’Astyanax) :

J’apprends que pour ravir son enfance au supplice, Andromaque trompa l’ingénieux Ulysse, Tandis qu’un autre enfant, arraché de ses bras, Sous le nom de son fils fut conduit au trépas.

Ainsi Andromaque a fait tuer un autre enfant pour sauver le sien ; et cependant, c’est la pure, douce et vertueuse Andromaque.

Oui, quelquefois, chez ces personnages qui sentent et parlent comme des contemporains de Racine et comme nous-mêmes quand nous parlons très bien,