Page:Lemaître - Jean Racine, 1908.djvu/221

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qu’après la naissance d’un fils, etc. Il n’oublie ni la position et les dangers habituels des grands vizirs, ni le rôle des janissaires, ni celui des ulémas, ni l’étendard du prophète, ni la porte sacrée, ni les muets. Et même, çà et là, se détachent quelques vers, à demi pittoresques seulement, mais tels que nous achevons facilement les images qu’ils indiquent :

Et moi, vous le savez, je tiens sous ma puissance Cette foule de chefs, d’esclaves, de muets, Peuple que dans ses murs renferme ce palais, Et dont à ma faveur les âmes asservies M’ont vendu dès longtemps leur silence et leurs vies… Nourri dans le sérail, j’en connais les détours… Orcan, le plus fidèle à servir ses desseins, Né sous le ciel brûlant des plus noirs africains…

Au surplus, nous savons que, pour Bajazet, on chercha la fidélité du costume avec plus de soin qu’on n’en mettait alors à ces choses. Et enfin, si nous ne demandons à Racine que ce qu’il nous annonce dans sa préface, et qui est déjà beaucoup, à savoir « les mœurs et maximes des Turcs », — et cela, bien entendu, sous la forme dramatique, — nous trouverons qu’il n’a pas mal tenu sa promesse.

D’abord, l’action est toute turque. C’est l’histoire d’une conspiration de sérail qui échoue et qui se termine par une muette tuerie. Un vizir disgracié veut donner le trône au frère du sultan absent, en s’aidant de l’amour que ce frère a inspiré à la sultane