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Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/258

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talent et de son œuvre, il est peut-être bon, avant de chercher ce qu’il est, de dire ce qu’il n’est pas.


I

M. Zola n’est pas un esprit critique, quoiqu’il ait écrit le Roman expérimental ou plutôt parce qu’il l’a écrit, et M. Zola n’est point un romancier véridique, quoique ce soit sa grande prétention.

Il est impossible d’imaginer une équivoque plus surprenante et plus longuement soutenue et développée que celle qui fait le fond de son volume sur le Roman expérimental. Mais on s’est assez moqué de cette assimilation d’un roman avec une expérience de chimie pour qu’il soit inutile d’y revenir. Il reste que, pour M. Zola, le roman doit serrer la réalité du plus près qu’il se peut. Si c’est un conseil, il est bon, mais banal. Si c’est un dogme, on s’insurge et on réclame la liberté de l’art. Si M. Zola croit prêcher d’exemple, il se trompe.

On est tout prêt à reconnaître avec M. Zola que bien des choses dans le romantisme ont vieilli et paraissent ridicules ; que les œuvres qui nous intéressent le plus aujourd’hui sont celles qui partent de l’observation des hommes tels qu’ils sont, traînant un corps, vivant dans des conditions et dans un « milieu » dont ils subissent l’influence. Mais aussi M. Zola sait bien que l’artiste, pour transporter ses