Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/152

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pour l’agrément des gens du monde. Il y a, je le sais, des choses très connues, très ordinaires, qu’on est obligé de répéter tout au long devant un auditoire mondain et qui lui sont toujours assez nouvelles ; mais est-il bien nécessaire de les imprimer ? Est-ce devant les plus nombreux et les plus brillants auditoires que se font les meilleurs livres ? J’imagine ce bout de dialogue auquel il ne manque que l’esprit et le tour de main de Voltaire :

«…Ce mandarin parle si bien, reprit Kou-Tu-Fong, qu’il fait courir à ses leçons toutes les dames de Pékin. — Ce qu’il dit est donc bien neuf ? demanda Candide. — Ou bien vieux ? demanda Martin. Mais, dites-moi, combien y a-t-il à Pékin, en dehors des mandarins lettrés, de gens capables de s’intéresser à des leçons dûment méditées et où l’on suppose connu ce qui traîne dans les livres ? — Une centaine, répondit Kou-Tu-Fong. — C’est peu, dit Candide. — C’est beaucoup, dit Martin. Et combien de personnes vont aux leçons de votre docteur ? — Deux ou trois mille, dit Kou-Tu-Fong. — Oh ! oh ! j’irai donc, s’écria Candide. — Je n’irai donc pas, grogna Martin. »

Mais Martin aurait tort. Il y a dans les deux volumes de vulgarisation élégante qui reproduisent le cours de M. Deschanel, de quoi instruire et charmer les jeunes Chinoises (ce qui n’est point un mérite si méprisable ni si accessible), et de quoi faire réfléchir les vieux mandarins. C’est sur les pages originales que nous nous arrêterons.