Page:Lemaître - Les Contemporains, sér3, 1898.djvu/164

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« moult, adoncques, las ! guerdon, oubliance, gente damoiselle, madame la Vierge, cuider, ardre, se ramentevoir », etc. ; on fait aller les substantifs et les adjectifs deux par deux et l’on supprime le plus de pronoms personnels et d’articles possible ; puis on y fourre la chevalerie de la Chanson de Roland, l’amour mystique du cycle d’Artus, la dévotion des Mystères et la gaillardise des Fabliaux. C’est bien simple. L’inconvénient, c’est qu’à moins d’être de la force de M. Paul Meyer ou de M. Gaston Paris, on arrive à se composer, sous prétexte de « vieil françoys », un jargon aimable, mais hétéroclite, où se mêlent la syntaxe et le vocabulaire de trois ou quatre époques différentes. Qu’importe, après tout ? Même quand on n’est pas capable d’apporter dans cet exercice l’imagination drue, robuste, copieuse, qui sauve et soutient les Contes drolatiques de Balzac, ces contes sont encore agréables à ceux qui les écrivent, et d’aventure à ceux qui les lisent, et c’est le cas des Histoires du vieux temps de M. Jules de Glouvet. On a l’illusion, lorsqu’on n’est pas un grand philologue, de lire un texte du moyen âge sans être arrêté par les perpétuelles difficultés des textes authentiques ; on goûte le charme combiné de la mièvrerie de la forme et de la simplicité des sentiments ; et, comme il est convenu que le moyen âge est naïf, comme son langage nous paraît tel (peut-être parce qu’il est en général plus lent et plus empêtré que le nôtre,) on savoure de bonne foi cette naïveté. C’est le moyen âge mis à la portée de