Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/146

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lement (et c’est la rançon du don monstrueux que la nature injuste a mis en lui) il finit par appeler ses amis les montagnards :

Tigres compatissants ! Formidables agneaux !

Et ce qui me console de n’avoir pu trouver les autres images, c’est qu’assurément je n’aurais pas ramassé celle-là !…

Je ne puis me tenir de vous apporter encore un exemple. C’est dans le « Choeur des racoleurs » qui vont embauchant les coquins le long du quai de la Ferraille :

Les belles ont le goût des héros…

Voilà le thème. Je ne crois pas me hasarder beaucoup en disant que c’est un lieu commun. Et voici le développement ; il est proprement fantastique :

  Les belles ont le goût des héros, et le muffle
  Hagard d’un scélérat superbe sous le buffle
  Fait briller tendrement l’hiatus des fichus ;
  Quand passe un tourbillon de drôles moustachus
  Hurlant, criant, affreux, éclatants, orgiaques,
  Un doux soupir émeut les seins élégiaques.
  Quels beaux hommes ! housard ou pandour, le sabreur
  Effroyable, traînant après lui tant d’horreur
  Qu’il ferait reculer jusqu’à la sombre Hécate,
  Charme la plus timide et la plus délicate.
  Rose qui ne voudrait toucher qu’avec son gant
  Un honnête homme, prend la griffe d’un brigand