Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/294

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qu’a fait M. Émile Zola ? Au reste, le pouvait-il faire ? Et méritait-il de le pouvoir ? Eût-il été d’un bon exemple que Dieu permît à l’auteur de Pot-Bouille et de Nana de raconter innocemment une histoire innocente ? Des journaux avaient pris soin de nous avertir que cette fois M. Zola serait chaste. Mais ne l’est pas qui veut. Lisez le Rêve, et vous verrez que ce conte ingénu sue l’impureté (parfaitement !) et que cette histoire irréelle est écrite dans le même style opaque et puissamment matériel et avec, les mêmes procédés de composition et de développement que la Terre ou l’Assommoir. L’effet est ahurissant.

D’abord, par un scrupule admirable, l’auteur a tenu à bien marquer que ce conte bleu est un épisode de l’histoire des Rougon-Macquart. Il s’est cru obligé de rattacher sa petite vierge à cette horrible famille par quelque lien de parenté. Or, devinez, je vous prie, quelle mère il est allé lui choisir ? L’immonde Sidonie de la Curée, l’entremetteuse du mariage de Renée et d’Aristide Saccard. Le doux Hubert va à Paris, à la recherche des parents d’Angélique. Il découvre Sidonie dans un petit entresol du faubourg Poissonnière, « où, sous prétexte de vendre des dentelles, elle vendait de tout ». Il entrevoit « une femme maigre, blafarde, sans âge et sans sexe, vêtue d’une robe noire élimée, tachée de toutes sortes de trafics louches ». Je sais que ce n’est rien, que cela ne tient que trois pages, et qu’on peut les retrancher du livre sans qu’il y paraisse ; mais, enfin,