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XI

Et il en est le grand catholique ; pour un peu je dirais le seul. Il a dégagé le catholicisme de tout ce qui n’est pas lui, s’étant gardé soit de le compromettre avec la Révolution, soit de prétendre le ramener, comme d’autres « épureurs » de religion, au christianisme des premiers temps. Veuillot l’a pris tel qu’il est, avec sa hiérarchie, avec ses doctrines autoritaires en politique, même avec les us et traditions qui, pour les inattentifs et les superficiels, paraissent s’éloigner de l’esprit de l’Évangile. Il l’a pris, dis-je, tel que son développement historique l’a fait, parce que ce développement est divin.

Lacordaire, Montalembert, Falloux, Dupanloup sont, auprès de Veuillot, des catholiques à tendances hérésiarques. Ceux-là ont des faiblesses pour l’œuvre de la Révolution : ils se figurent que l’égalité civile, la liberté politique, le régime parlementaire, le suffrage universel sont, peu s’en faut, choses évangéliques. Veuillot, non : il ne pense point que ces institutions soient nécessaires aux âmes ni excitatrices de la bonté humaine, ni qu’elles soient même d’un secours sérieux pour l’amélioration matérielle du sort des pauvres. Il est persuadé et a constamment tâché d’établir que la Révolution est essen-