« Charmant enfant qui me ressemble,
Disait-il, oh ! viens avec moi !
Viens ! nous serons heureux ensemble,
La terre est indigne de toi.
Là, jamais entière allégresse :
L’âme y souffre de ses plaisirs,
Les cris de joie ont leur tristesse,
Et les voluptés, leurs soupirs.
La crainte est de toutes les fêtes ;
Jamais un jour calme et serein,
Du choc ténébreux des tempêtes,
N’a garanti le lendemain.
Eh quoi ! les chagrins, les alarmes
Viendraient troubler ce front si pur !
Et par l’amertume des larmes
Se terniraient ces yeux d’azur !
Non, non ! dans les champs de l’espace
Avec moi tu vas t’envoler ;
La Providence te fait grâce
Des jours que tu devais couler.
Que personne dans ta demeure
N’obscurcisse ses vêtements !
Qu’on accueille ta dernière heure
Ainsi que tes premiers moments !
Que les fronts y soient sans nuage,
Que rien n’y révèle un tombeau !
Quand on est pur comme à ton âge,
Le dernier jour est le plus beau. »
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JEAN REBOUL.
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