J’étais sans sou ni maille, appuyé contre un fût,
Ainsi que Bélisaire ;
Mais, ce que je plaignis amèrement, ce fut
Rothschild et sa misère.
Oh ! disais-je, le temps c’est de l’argent. Eh bien !
Sans que l’heure me presse,
Je puis chanter selon le mode lesbien,
Ne pas lire La Presse,
Me tenir au soleil chaud comme un œuf couvé,
Et, bayant aux corneilles,
Me dire que Laya, Ponsard et Legouvé
Ne sont pas des Corneilles ;
Je puis voir en troupeaux, menant dès le matin
Les Amours à leurs trousses,
Des drôlesses de lis, de pourpre et de satin,
Brunes, blondes et rousses ;
Je puis faire des vers pour nos derniers neveux,
Et, sans qu’il y paraisse,
Baiser pendant trois jours de suite, si je veux,
Le front de la Paresse !
Et Paris est à moi, Paris entier, depuis
Le café que tient Riche
Jusqu’au théâtre où sont Alphonsine et Dupuis :
C’est pourquoi je suis riche !
Mais lui, Rothschid, hélas ! n’entendant aucun son,
Ne faisant pas de cendre,
Il travaille toujours et ne voit rien que son
Bureau de palissandre.
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THÉODORE DE BANVILLE.