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THÉODORE DE BANVILLE.


Mais de regarder les cieux !
Qu’au livre silencieux
Ta prunelle sache lire,
Et que, docile aux chansons,
Ton oreille s’ouvre aux sons
Mystérieux de la lyre !

Enfant bercé dans les bras
De ta mère, tu sauras
Qu’ici-bas il faut qu’on vive
Sur une terre d’exil
Où je ne sais quel plomb vil
Retient notre âme captive.

Sous cet horizon troublé,
Ah ! malheur à l’Exilé
Dont la mémoire flétrie
Ne peut plus se rappeler,
Et qui n’y sait plus parler
La langue de la patrie !

Mais le ciel, dans notre ennui,
N’est pas perdu pour celui
Qui le veut et le devine,
Et qui, malgré tous nos maux,
Balbutie encor les mots
Dont l’origine est divine.

Emplis ton esprit d’azur !
Garde-le sévère et pur,
Et que ton cœur, toujours digne
De n’être pas reproché,
Ne soit jamais plus taché
Que le plumage d’un cygne !