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ANTHOLOGIE DU XIXe SIÈCLE.


LE VISAGE DE L’ENFANT




Plus que tous j’ai vécu de l’éclat du soleil,
Ce grand révélateur du maître sans pareil.
Plus que tous j’ai connu les montagnes de neige,
Le printemps, son azur et son riant cortège ;
Plus que tous j’ai bravé la foudre et les éclairs ;
Plus que tous j’ai pensé, rêveuse, au bord des mers ;
Mais ce que j’ai trouvé de plus beau dans ce monde,
De plus sublime encor que la vague profonde,
Que l’ouragan qui court, la déchire et la fend :
C’est le visage pur d’un tout petit enfant.

(La Volière ouverte)







DÉPART





Lheure où l’immense amour d’une mère s’immole,
C’est l’heure où loin du nid le jeune oiseau s’envole.
Je l’avais pressentie… et, tout tremblant, mon cœur
Avait d’un temps trop court ajourné la douleur.
« Un enfant, me disais-je alors, n’est pas un homme. »
C’était en vain ! — Il part, il doit juger la somme
Des maux et des bonheurs que contient l’avenir.
Va, mon fils ! mais au moins puisses-tu retenir
Qu’être aimée et t’aimer, c’est trop peu pour ta mère :
Souviens-toi qu’il te faut encor la rendre fière.

(La Volière ouverte)