élix Jeantet, né à Saint-Claude-sur-Bienne (Jura), a
publié en 1887 un remarquable volume de vers, Les
Plastiques. M. Jeantet doit être rangé parmi les poètes de la
Femme. Ce qu’il exalte surtout en elle, — justifiant ainsi le titre de son
ouvrage — c’est la splendeur des lignes et des couleurs, la gloire des
beaux corps tels que les ont évoqués les grands peintres de la nudité, Titien,
Rubens, Henner, dont les noms reviennent volontiers sous sa plume. Mais
ses vers font plutôt songer, par leur naturalisme hardi, aux belles
courtisanes des artistes de la Renaissance qu’aux nymphes si divinement chastes
du maître contemporain. M. Jeantet est de ceux que la Femme obsède plus
qu’elle ne les émeut ; ses émotions, du moins, sont plus souvent esthétiques
et sensuelles que morales. — Toutefois, en quelques poèmes écrits sous la
dictée du Souvenir, cette sensualité se tempère d’un sentiment exquis ; ainsi
dans ces Yeux de Velours dont la tristesse mystérieuse enveloppe et
fascine comme l’Antonia d’Hoffmann ou la Ligeia d’Edgar Poë. — Et c’est
encore en ces pages, nous semble-t-il, que le poète rend son plus profond
hommage à la Beauté.
Les poésies de M. Félix Jeantet se trouvent chez G. Charpentier et Cie, éditeurs.