uand le jour va finir et qu’on entend à peine
Les chants des laboureurs qui passent dans la plaine
Et les cloches aux voix d’airain ;
Quand l’occident s’enflamme et que les hirondelles
Au bord des toits moussus viennent ployer leurs ailes,
Et descendent du ciel serein ;
Lorsque des bruits confus passent dans la feuillée ;
Quand la lune apparaît, rougissante et brouillée,
Sur la cime des bois jaunis,
N’avez-vous pas, fuyant vos bruyantes demeures,
Errant sans savoir où, laissé couler les heures,
Tout plein de vos beaux jours finis ?
Et lorsque vous alliez sous l’ombreuse ramure
Des grands bois chevelus, dans la nuit calme et pure
Écoutant parler votre cœur,
N’avez-vous pas, sortant de votre rêverie,
Surpris une ombre errant, là-bas, dans la prairie,
Un fantôme doux ou moqueur ?
N’avez-vous pas saisi, dans l’éternel silence,
Quelque refrain joyeux, quelque vieille romance,
Un de ces airs qui ne fuient pas ?...
Celui qu’en vous berçant on fredonnait peut-être.
Ou la chanson d’amour qu’à l’étroite fenêtre
Le soir vous lui disiez tout bas ?...